pendant la période révolutionnaire
Des sœurs expulsées de leur monastère, extrait des annales de Paris en 1792
Voulant abolir tout ce qui tient au culte de Dieu et de sa sainte religion, l’on fulmina l’ordre de la sortie de toutes les religieuses par un décret qui fut lancé au commencement du mois de septembre 1792. (…)
L’on s’occupa donc effectivement, non à se dévêtir du saint habit de la religion, mais à le couvrir des funestes livrées du monde afin de le dérober aux regards profanes. Nulle ne s’inquiéta des moyens de se couvrir d’une manière convenable. (…) Les unes prirent de vieux rideaux pour se faire des jupons, d’autres réunissaient deux tabliers pour le même usage (…).
Cette triste métamorphose faite, vint l’heure de se rendre au chœur pour chanter l’office divin. Ici, il est difficile de peindre ce qui se passa dans l’âme de ces pauvres travesties. (…) Lorsque levant les yeux, elles se virent mutuellement pour la première fois réunies sous le costume aussi grotesque, le rire accompagna malgré elles les larmes qui coulaient de leurs yeux. L’on fut obligé de suspendre quelques moments, pour calmer ces émotions involontaires.
Misère de la communauté de Paris pendant la période révolutionnaire
[Mère Sainte Sophie] ne put voir plus longtemps l’extrême misère de ses bonnes mères et s’en fut à Ivry pour se procurer quelques vivres, qu’on trouvait à grande peine dans les campagnes. Elle chargea une petite charrette de diverses denrées, et la fît trainer à Paris, par une pluie si violente que, la charrette ne pouvant plus avancer, elle se mit à la pousser par derrière, tout le long du chemin, ayant de la boue jusqu’à mi-jambe, et ses vêtements tout trempés de la pluie. Cette excellente mère fit deux autres voyages, jusqu’en Champagne, son pays natal, pour chercher des provisions, et fut ainsi la main charitable dont se servit la divine Providence pour soutenir notre petit Calvaire, qui eût peut-être succombé sous le poids d’une calamité qui mit tout Paris aux abois.
Extrait des annales de Paris pendant la période révolutionnaire en France.
Sœur Saint Maur pendant les guerres napoléoniennes
Alors qu’elle habite au monastère de Thorn en Pologne, elle dut faire face aux soldats de Napoléon devenus parfois violent à cause de la famine. « Un jour que nous n’avions pu leur donner pour souper que cette soupe claire et quelques pommes de terre, ils s’aigrirent si fort, qu’ils se résolurent pendant la nuit d’entrer par force dans la maison, pour chercher, disaient-ils, de la viande. (…) » Alors que les soldats frappent violemment à la porte, sœur Maur a une idée : « Tout à coup, je pensai à Saint Jacques qui était le patron de notre église, et faignant d’appeler quelqu’un, je me mis à crier de toutes mes forces : Jacques, Jacques, va-t-en chez le commandant chercher la garde…ne passe pas par là…sors par la porte de derrière…va bien vite…dépêche-toi, car ils vont enfoncer la porte. Ils plaisantèrent d’abord de m’entendre ainsi parler, et disaient en riant : Oui, oui, Jacques, Jacques ; va-t-en voir s’ils viennent, et frappaient toujours ; mais au bout d’un instant, ils craignirent qu’effectivement j’eusse envoyé quelqu’un chez le commandant, s’en retournèrent à petit bruit dans leur quartier, et se couchèrent comme si de rien n’était. Nous allâmes aussi nous coucher, la tourière et moi, après avoir bien ri de l’aventure. »